Owimbowe...

Où le Lecteur ne trouvera pas de gazelle endormie.

Cette nuit, vers quatre heures, la soif m'a réveillé. Je me suis levé boire, donc. Du jus de pomme, d'abord, puis du lait froid. Et, désaltéré et tafraichi, je me suis recouché.

J'ai entendu, dans mon appartement, des pas. Des petits pas nerveux, comme une plume qui gratte le papier, comme des pattes qui griffent le linoleum. Saloperie était là. Je me suis levé, donc, calmement, posément, pour mettre en hauteur tout ce qui pouvait intéresser Saloperie et perturber mon sommeil : bouteilles vides attendant la poubelle, sacs plastiques, papiers divers. Et, encore, je me suis recouché.

Il ne restait au sol qu'un gros sac poubelle plein de papiers et de cartons. Saloperie s'est mise à fourgonner dedans. Bruyamment. Mea culpa. Je lui avait laissé ce terrain de jeu, elle l'avait investi, c'était de bonne guerre. Mais une guerre demande un ennemi, j'acceptai d'être le sien. Je me suis relevé, donc, encore, quoique moins calmement, pour enfermer dans un placard ce dernier sac froissable. Et, alors que je le soulevais, il a bougé.

La conne était dans le sac.

J'ai voulu être magnanime. J'ai posé le sac, couché, la gueule béante, au pied de mon lit. Et j'ai attendu, une grande boîte en plastique à la main, qu'elle sortît. J'ai attendu. Longtemps.

J'ai voulu être magnanime. Mais je ne pus être patient. À 4h25, j'abandonnai. J'ai fermé le sac, je l'ai doublé d'un autre que j'ai fermé aussi et j'ai porté le tout dans la salle de bain - les bruits d'une hypothétique évasion ne m'y pouvaient pas déranger. Ce matin, j'ai inspecté le sac. Il était intact, Saloperie ne l'avait pas percé. Ce midi, le sac a rejoint la benne à ordure.

J'en ai touché deux mots, à l'instant, à mon voisin. Lui aussi a tué une Saloperie. Ce qui laisse penser qu'il y en a plusieurs. Ou qu'elle a plusieurs vies. Ou que l'un de nous deux fabule. Mais je sais, moi, avoir capturé Saloperie cette nuit. Reviendra-t-elle me hanter ? Ses sœurs me dévoreront-elles cette nuit par vangence ? Je ne sais.

Mais le chasseur que je suis désormais les attend de pied ferme.

Commentaires

1. Le mercredi 6 avril 2005, 11:25 par Xavios

Graou ! FabriceD en chasseur !

Je t'imagine en costume de chasseur dans la savane, en train de traquer des saloperies géantes... *rêvasse*

Le costume t'irait très bien, j'en suis sur :p