Pic, roc, cap, etc.

FabriceD : 1 - 0 : Hirondelles

Je ne suis pas toujours très vif de la comprenette, je l'avoue bien volontier.

Ceux d'entre vous qui me connaissent autrement qu'électoniquement le savent déjà mais voici une anecdote pour en convaincre les autres. Lorsque j'étais en deuxième année à l'École Centrale de Lyon - je vous parle là d'un temps que les moins de deux ans ne peuvent pas connaître mais les nourrissons ont mieux à faire que de traîner sur ce blog : gambader de leur démarche d'ourson saoul, convaincre un labrador perplexe de s'improviser Rossinante, frapper de tout cœur un xylophone désaccordé avec un camion de pompier dont la peinture s'écaille. Toutes choses que le nourrisson adulte regarde la larme à l'œil. Car le nourrisson adulte a l'émotion facile et (pour ce qui est du xylophone) l'oreille musicale. Mais je digresse. Lorsque j'étais en deuxième année, donc, j'ai rencontré un garçon charmant. C'était peu après la rentrée, c'était un première année. Il était beau, il était drôle, il était gentil. Autant dire qu'il n'y avait pas la moindre chance qu'il fût gay, pensais-je alors. Voici son blog.

Je ne suis pas toujours, disais-je avant de le prouver indiscutablement, très vif de la comprenette. Néanmoins, j'ai un don.

Il y a des gens qui croient que le printemps arrive à la date annoncée par le calendrier des pompiers. Le moindre brin d'herbe, la plus avaricieuse fourmi et le plus industrieux écureuil savent qu'il n'en est rien. Vous me direz, aussi, qu'il y a des gens qui croient que toutes les minutes ont soixante secondes. Sans doute sont-ce les mêmes. En tout cas, ce sont forcément des gens qui n'ont jamais couru derrière un autobus, qui n'ont jamais lu le Figaro Madame dans la salle d'attente de leur médecin, qui n'ont jamais eu un orgasme. Ils sauraient leur erreur, sinon. Bref, il y a des gens qui pensent que le printemps est affaire d'équinoxe, d'astronomie et de problème à n corps. Les sots.

Ils ont tort, bien sûr. Sauf sur le dernier point, j'y reviendrai dans un autre billet.

Le printemps, c'est une histoire d'insectes qui bourdonnent, de chenilles qui bouffent les feuilles encore tendres, de soleil et de pluie, de proverbes sur les fils d'avril et les plaisirs de mai, de giboulées de mars, de lundi de pentecôte, de vêtements qui accourcissent, de jours qui allongent, de sève qui monte, d'amourettes qui naissent, de parties de boomerang dans les herbes folles, de balades dans les prés et les bois de Bohème, de crise d'acnée chez l'adolescent, de petits tous, de grands riens et de quelques autres choses encore. Comment voulez-vous que le calendrier des pompiers prévoie cela ? Ou même celui des Dieux du Stade ? Ou du facteur ?

Même les hirondelles s'y perdent !

Eh ! bien, moi, je sais. Je sais à coup sûr quand arrive le printemps. J'ai ce don. Quand tout le liquide de mon corps s'agite, se concentre et se presse pour mieux m'échapper par le nez et les yeux, c'est que le printemps est là. Plus précisément, c'est que les pollens sont là, mais c'est tout comme. Jusqu'à présent, je voyais ce don comme une malédiction. Sachez que j'avais tort. Ce don peut m'être utile. Déjà, j'entrevois vaguement l'esquisse d'une succession de coups du hasard qui me mèneront à l'orgasme, à la luxure - qui sait ? à l'amour, peut-être.

J'attendais ce soir pour traverser une rue. Le carrefour, la rue, la ville entière étaient plantés de ces merveilleux marroniers d'Inde auxquels il semblerait que je sois en train de devenir allergique. J'avais renoncé à éponger mes larmes, tout juste persistais-je à me moucher. Spectacle pathétique, s'il en fut. Spectacle en tout cas qui attira l'attention de la demoiselle qui attendait à côté de moi que le piéton verdisse.

Dans son regard, que je devinais entre mes larmes, l'envie de me consoler.

Alors c'est ainsi que je peux séduire ? Qu'à cela ne tienne ! Je vais chialer, je vais me moucher, je vais expectorer à travers tout Lyon, jusqu'à ce qu'un gentil jeune homme me prenne entre ses bras et me permette d'essuyer mes larmes sur son T-shirt. Si cela ne suffit pas, j'aurai des crises d'athme ! Je ferai du footing pour me les provoquer ! Je suis prêt à tout.

Ne reste plus qu'à espérer que mon gentil jeune homme sera allergologue ou pneumologue. Histoire que je survive à notre rencontre.

Commentaires

1. Le jeudi 12 mai 2005, 08:17 par MonsterBill

En voilà de la dévotion et du courage. :-) Je te souhaite que ton entreprise te réussisse. ;-)

En tous cas, une chose qui ne te réussit pas avec les larmes de pollen, ce sont les fautes de frappe. J'en dénombre au moins deux énormes, et sans doute quelques autres plus discrètes. Bon courage. ;-)

2. Le jeudi 12 mai 2005, 10:24 par Val

on fait un tennis cette apres midi, en allant a centrale en roller?

3. Le jeudi 12 mai 2005, 16:45 par Xavios

Lol ! Excellent mon FabriceD :)

Mais tu sais, tu es séduisant même en étant sain médicalement parlant ^_^

Et tu le sais, d'ailleurs ! Sauf que tu ne sais pas encore que tu le sais... Tu saisis ?

Quoi ? Que... La sortie ? Oui, c'est par là... Quoi, vous parliez pour moi ? O_O

4. Le jeudi 12 mai 2005, 21:06 par FabriceD

Au moins sais-je désormais que tu sais que je ne sais pas que je le sais.

5. Le vendredi 13 mai 2005, 17:43 par Tv39 - Péninsule

Solution : s'expatrier dans un pays ou règne un automne perpétuel :D