Été

Téléphone maison.

Nous sommes officiellement en été - la saison préférée de tout le monde. Surtout en hiver.

Là, je vous arrête tout de suite : je vous vois déjà vous apprêtant à chicaner. Vous êtes chicaneurs, ces temps-ci. Ne pensez même pas à le nier, vous chicaneriez déjà. Écoutez-vous : Non, moi c'est le printemps que je préfère ; non, moi, l'automne ; non moi l'été indien, on ira où tu voudras et l'on s'aimera encore même quand l'amour sera mort. Gna. Gna. Gna.

Deux choses.

D'abord, ça ne veut rien dire, ça, on s'aimera encore lorsque l'amour sera mort. Faut arrêter d'écouter de la mauvaise musique, les enfants, ça attaque le neurone. Oubliez Joe Dassin, oubliez Dalida, oubliez Mike Brandt, oubliez Arthur Martin, oubliez-les tous. C'est dur ? Je ne le discute même pas. Mais, souvenez-vous : tout peut s'oublier qui s'enfuit déjà. Ça ne veut certes pas dire grand chose, mais c'est déjà autrement plus beau que ces conneries d'amour qui survit à sa propre mort.

Ensuite, il va falloir arrêter de chercher à me prouver que j'ai tort. Et plus vite que ça. Quand je vous prouve par a+b que vous êtes des êtres grossiers qui ne vous intéressez qu'à la silhouette des hommes, à quoi vous sert de protester mollement que vous regardez en premier les yeux ? Et quand bien même vous regarderiez en premier les yeux, d'ailleurs - quelle idée ! J'ai les yeux banals, vaguement brunâtres, cachés par mes lunettes. Nuls. Que ne regardez-vous donc les mains ? J'ai de fort jolies mains. Quitte à entrer tout de suite dans les détails, pourquoi les yeux plutôt que les mains ? Enfin, bref. Habituez vous à cette devise mienne (que j'ai volée à Vialatte) : Sauf erreur, je ne me trompe jamais. Non mais.

Ceci étant dit - et même trop longuement dit - que disais-je ? Que l'été est votre saison préférée, quoi que vous puissiez en dire. Laissez-moi vous dire que vous avez tort. Et grandement, avec ça.

Franchement. L'été. Où avez-vous donc la tête ? Les incendies de forêt dans le sud ; les petits vieux qu'on congèle à Ringis. Les gros messieurs en marcel, short acrylique et bob Ricard ; les grosses dames qui cuisent topless leurs mamelles flasques sur la plage de la Grande Motte. Les embouteillages de Bison Futé ; les décrassages de pélicans mazoutés. Les prolétaires sous leur toile de tente qui jalousent les prolétaires dans leur caravane ; les campeurs de tous bords qui jalousent le touriste hollandais dans son camping car. Intervilles et la saga de l'été sur TF1. Les barbecues qui finissent sous un déluge orageux juste quand le feu commençait à prendre ; les pique-niques au bord de l'eau où les seuls qui mangent à leur faim sont les moustiques. Les vêtements trop lourds qui collent à votre peau moite ; les vêtements trop légers que les bellâtres portent tellement mieux que vous. Les bimbos qui s'engoncent dans des bouts de tissus trop petits, trop colorés, trop élastiques ; les racailles qui gardent sur leur torse nu et glabre leur chaîne en or. Les jeans taille basse ; les T-shirt taille haute. La cellulite qui tremblotte à chaque mouvement ; les bourrelets qui retombent par vagues au dessus de la ceinture. L'insupportable accent provençal, sur tous les marchés de France ; l'insupportable accent parisien, sur les marchés de Provence. On n'ira à la plage que quand tu auras fait ton cahier de vacances ; tu n'iras te baigner que quand tu auras digéré. Et vous osez aimer l'été vous ?

L'été, quoi que vous en puissiez dire, est la pire des saisons. (À l'exception de toutes les autres, cependant.)

Commentaires

1. Le vendredi 24 juin 2005, 01:59 par Monster Bill

Je (et pas que moi) persiste à penser que tu devrais publier...

2. Le vendredi 24 juin 2005, 11:51 par Xavios

Je trouve quand même que ton sujet se prête un peu à la chicane. Chicaneur !!

3. Le vendredi 24 juin 2005, 12:11 par Val

alors là non, on ne peut pas oublier joe dassin, rien que pour "salut les amoureux" on ne peut pas...

4. Le vendredi 24 juin 2005, 20:36 par saxeco

"L'été, quoi que vous en puissiez dire, est la pire des saisons. (À l'exception de toutes les autres, cependant.)"

c'est curieux mais wiston churchill disait la meme chose a propos de la démocratie et des systemes poliques...

"Les jeans taille basse ; les T-shirt taille haute."

c'est curieux, saxe-co disait la meme chose des loliputes, ces gamines de 12ans avec des pantalons taille basse et des strings taille haute.

je te suspecte de plagiat et pour le coup de nous impressionner tu auras fait choux blanc.
je n'ai qu'une chose a dire: ce coup de blanc m'a grisé. mais rassure toi, ce n'est pas une critique, à peine une contrepeterie :)

5. Le vendredi 24 juin 2005, 22:41 par Pierre

moi je préfère l'hiver (je sais que cette remarque n'est pas vraiment un bon point de départ pour un long débat), et
Bordel Fabrice quand-est-ce que tu publies?

6. Le samedi 25 juin 2005, 00:53 par Camille

Moi je regarde surtout les mains. Mais elles sont loin en bas, les tiennes, pour cause de bras longs. Cela dit, tout le monde a toujours dit que tu avais de belles mains.

7. Le samedi 25 juin 2005, 01:17 par FabriceD
Xavios :
C'est ç'ui qui dit qui y est...
Saxeco :
Pour Churchill, ce n'est pas du plagiat, c'est une référence. Pour le reste, ce n'est pas du plagiat, ce sont des lieux communs.
Val :
À vrai dire, moi, je le retiendrais bien pour Marie Jeanne. Mais c'est tellement bon de passer pour un connard élitiste et réac'...
Pierre :
Chicaneur.
Camille :
Merci. De pianiste, même, fut-il dit.
Pierre et MonsterBill :
Qu'ai-je besoin de publier quand j'ai déjà un lectorat de votre qualité ?
8. Le lundi 27 juin 2005, 18:03 par Rakh

Des mains de pianiste, exactement .Tu n'as plus qu'a t'y mettre !