Les orteils ne sont qu'un euphémisme

(Et les vaches de très gros champignons.)  

Il y a deux jours, le printemps sévissait : vêtements courts, buissons fleuris et ciel d'azur. L'inquiétude était générale. Les hirondelles se vexaient d'être ainsi prises de vitesse ; les marmottes réveillées par la douceur cherchaient en vain les skieurs ; le blogueur redoutait les allergies. Ce soir, une pluie anecdotique humecte Lyon, et le promeneur se gèle les orteils. Demain : neige.

Les choses sérieuses commencent.

Cela prouve bien qu'il y a toujours des saisons, ma bonne dame : de la neige en janvier, quoi de plus normal ? C'est juste que le temps passe plus vite : climatiquement, la France entière devient une grande Normandie. Trois saisons par jour : au petit matin, brouillard hivernal ; sur le coup de midi, averse printanière ; dans l'après-midi crachin d'automne. (Pour l'été, il faut attendre juillet : les bonnes années, le 25 généralement, mais parfois le 24 ou le 26, entre onze et quatre heures, il fait soleil. Le reste du temps, il pleuviote et les vaches poussent dans les prés comme des champignons en forêt de Tronçais.) Il faudra s'y habituer, on y vient. On ne pourra plus prédire le temps : sitôt annoncé, il aura changé. Les météorologues, surmenés, sombreront en masse dans la folie : ils prédiront de la neige pour le 15 août à midi, des inondations pour le goûter, une ère glaciaire à l'heure de l'apéritif. Et ils auront vu juste !

Finie la sagesse populaire, le bon sens campagnard, les proverbes d'almanach ! Avec le réchauffement climatique tout devient possible : Noël au balcon, pour Pâques, qu'en sait-on ?

Le problème, ce n'est pas qu'il n'y a plus de saison, ma bonne dame, c'est qu'il y en a trop.