François-Joseph

L’empereur était un vieil homme. C’était le plus vieil empereur du monde. Autour de lui, la mort traçait des cercles, des cercles, elle fauchait, fauchait. Déjà le champ était entièrement vide et, seul, l’empereur s’y dressait encore, telle une tige oubliée, attendant. Depuis de nombreuses années, le regard vague de ses prunelles claires et dures se perdait dans le lointain. Son crâne était chauve comme un désert bombé. Ses favoris étaient blancs comme deux ailes de neige. Les rides de son visage étaient une inextricable broussaille où les années nichaient par dizaines.

Joseph Roth, La Marche de Radetzky, traduction de Blanche Gidon.